Traduit de Challenge, le 15 janvier 2015
Alors que les puissances capitalistes du monde s’unissent autour des dessinateurs humoristiques français (morts et vivants) de Charlie Hebdo, ils exploitent les meurtres afin de célébrer le mythe de « la liberté d’expression » (voir encadré) et d’intensifier le racisme contre les musulmans et les arabes. Les patrons français utilisent les événements afin de faire passer leur version du USA Patriot Act « afin d’autoriser une surveillance plus intrusive » (le New York Times, le 13 janvier 2015 » -- un nom de code pour des mesures répressives contre les manifestants et les dissidents. Alors qu’ils ciblent des terroristes islamiques de petite envergure, les terroristes les plus grands – les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine, et la Russie – sont en train de manœuvrer afin de se procurer un avantage dans leur rivalité impérialiste croissante. Ils exploiteront les victimes à Paris dans la cause nationaliste et fasciste – et pour les guerres plus grandes à venir.
Les patrons européens et états-uniens doivent persuader des millions de jeunes de la classe ouvrière de penser qu’ils se battent contre le racisme en rejoignant l’armée afin de combattre l’Etat islamique (EI). Ce qu’ils craignent le plus, c’est que les jeunes et les travailleurs suivront l’exemple des rebelles à Ferguson dans le Missouri. Ça, c’est la véritable lutte contre le racisme : d’affronter l’emploi brutal du pouvoir d’Etat par les patrons et d’affronter l’appareil d’Etat (les flics, les tribunaux, les prisons) qui les soutient.
Des terroristes isolés ne pourront jamais vaincre le racisme des dirigeants. C’était les masses de la classe ouvrière en Union Soviétique, en Chine, et au sein des mouvements de Résistance qui ont écrasé les Nazis et leurs alliés fascistes japonais pendant la deuxième guerre mondiale. Le racisme pourra être anéanti uniquement par la violence révolutionnaire de masse de la classe ouvrière. Nous devons organiser des dizaines de millions de travailleurs sous la bannière du Parti progressiste du travail, révolutionnaire et communiste, pour détruire le capitalisme et pour construire une société gérée par les travailleurs : le communisme.
A la suite des dernières atrocités commises par Al Qaeda, les dirigeants des Etats-Unis ont fait des heures supplémentaires afin de dissimuler la source principale de la violence : la rivalité capitaliste pour le pétrole et le gaz. En réalité, les attaques en France proviennent de deux facteurs liés. Al Qaeda (avec son rival, l’EI) a l’intention de se saisir par la force (dont des attaques terroristes en Occident) des richesses énergétiques du Moyen Orient contrôlées par les Etats-Unis et leurs alliés. Simultanément, l’histoire longue et brutale du racisme contre les Arabes et les Musulmans de la part de l’impérialisme français pousse les terroristes, aidant les efforts de recrutement d’EI et d’Al Qaeda. Mais on n’apprendra rien de tout cela en lisant Foreign Affairs (le 7 janvier 2015), le journal du principal groupe de reflexion de l’impérialisme états-unien, le Council on Foreign Relations (CFR) :
« Le nombre de morts fait que l’attaque de cette semaine est la plus importante sur le sol français depuis l’occupation nazie – une étape très importante dans la campagne d’Al Qaeda contre l’Occident. Elle fait partie d’une longue suite de complots visant à tuer des personnalités médiatiques pour leur valeur symbolique en Occident en tant que modèles de la liberté d’expression et, pour certains Musulmans, en tant qu’exemples du mal de la laïcité. »
Les dirigeants français tuent 600 Musulmans.
Le CFR, comme pratiquement tous les médias des dirigeants, ne tient pas compte du massacre, beaucoup plus meurtrier, mené par le gouvernement, de travailleurs arabes à Paris le 17 octobre 1961. Seul Robert Fisk du Independent de Londres (le 9 janvier 2015) a fait le lien évident :
« Les Algériens constituaient depuis longtemps la majorité de la population musulmane de France et en octobre, 1961, quelques 30 000 d’entre eux ont monté une manifestation indépendantiste (interdite) à Paris – en fait, pas plus d’une mille (1,6 km) de la scène du massacre de la semaine dernière – manifestation qui a été attaquée par des unités de la police française, qui ont tué, on admet aujourd’hui, quelques 600 manifestants. »
Les impérialistes états-uniens assiégés d’aujourd’hui tuent des millions – 3 millions juste en Irak – lors de leurs guerres pour le contrôle des sources énergétiques au Moyen Orient, tout en redoublant leurs efforts en vue de conflits plus grands avec la Chine et la Russie. Une semaine auparavant, les forces menées par les Etats-Unis avaient tué plus de deux fois plus de personnes que le nombre tué à Charlie Hebdo, quand leurs roquettes ont éliminé 25 civils afghans (le New York Times, le 1 janvier 2015). Les victimes étaient en train de célébrer des noces dans la province de Helmand, le long de la route d’un gazoduc projeté, mais retardé de beaucoup, le gazoduc TAPI (Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde), dominé par les Etats-Unis.
Le grand mensonge des médias, c’est leur focalisation sur l’Islam en tant que source de violence terroriste. Alors que des Musulmans de base, opprimés, pourront en fait être gagnés pour le jihad en tant que forme de rébellion contre l’Occident, les bénéfices ont plus d’importance que le Prophète (Muhammad) pour les chefs d’Al Qaeda et d’EI. Le fondateur d’Al Qaeda, Oussama ben Laden, venait d’une famille saoudienne non-royale de milliardaires, exclue des biens en pétrole de l’entreprise, détenue par l’Etat, et qui valent plusieurs milliers de milliards de dollars. Sa déclaration d’une guerre sainte contre les Etats-Unis en 1996 était associée à une exigence de détrôner la famille régnante, les Saoud, et d’expulser les « occupants américains » du pays qui possède les plus grands gisements pétroliers du monde. Un message de Ben Laden de 2004, adressé aux croyants, ciblait ExxonMobil et Anglo-Dutch Shell, les deux partenaires les plus importants d’Aramco.
« L’une des principales raisons de la réalisation de l’hégémonie sur notre pays par nos ennemis, c’est leur vol de notre pétrole ; donc, vous devez faire tous les efforts que vous pouvez pour arrêter le plus grand vol de l’histoire, qui est en train d’être réalisé par le biais d’une collaboration entre des étrangers et des agents [autochtones]… Centrez vos opérations là-dessus [la production pétrolière]. » (Cité par Middle East Media Research Institute, le 30 décembre 2004).
Quant à l’EI, qui est lié à l’attaque contre le marché kasher à Paris, sa motivation en bénéfices pétrolières ne pourrait pas être plus évidente. Tout comme Al Qaeda, le niveau supérieur d’EI rassemble des industriels véreux islamiques de secteur de l’énergie qui cherchent à accaparer le pouvoir d’Etat. L’IE fonctionne grâce aux revenus des gisements de pétrole et des raffineries qu’il a saisi en Irak, des ressources que la machine de guerre des E.-U. était censée obtenir pour Exxon.
Le racisme contre les immigrés a le vent en poupe en France.
La France devient rapidement un bastion d’un racisme de plus en plus virulent. L’antisémitisme augmente. Les foulards musulmans et d’autres vêtement religieux sont interdits dans les écoles publiques. Le Front National de Marine Le Pen était devant dans les élections récentes, avec un programme ultra-raciste dirigé contre les immigrés noirs et musulmans / arabes venus du Maghreb.
Les fascistes français relient l’immigration au chômage qui est monté au niveau le plus élevé depuis des décennies. Ils cachent la véritable source du chômage, qui fait partie intégrante du cycle capitaliste d’expansion et de contraction. De nombreux travailleurs immigrés vivent séparés dans des ghettos autour de Paris et d’autres grandes villes, où ils sont les victimes du chômage et de logements délabrés. Leurs conditions de vie sont semblables à celles auxquelles les travailleurs noirs et hispaniques se trouvent confrontés aux E.-U.
Les attaques contre les immigrés se répandent partout en Union européenne. A Dresde, en Allemagne, des pronazis ont organisé une manifestation contre les immigrés, qui a attiré 18.000 personnes. Les 40 dirigeants d’états capitalistes, serviteurs de la classe dirigeante, qui sont venus pour une séance de photos lors de la manifestation de masse à Paris, représentent tous des pays qui torturent systématiquement des innocents. Charlie Hebdo sert les intérêts des dirigeants « progressistes » en déshumanisant les Arabes et les musulmans. Les dessins dégoûtants du magazine rappellent les caricatures nazies des juifs dans les années 1930, outil typique d’une classe dirigeante qui veut à tout prix aller en guerre. Des dessins de Charlie et des dessins inspirés par Charlie paraissent maintenant des publications « respectables » aux E.-U. Alors qu’on s’attaque à des mosquées en France, les entreprises importantes des E.-U. donnent des fonds à ce magazine qui est d’un racisme effréné.
Seule la révolution communiste peut éradiquer le racisme.
Le seul moyen de lutter contre le racisme et de l’anéantir, c’est d’écraser le capitalisme, qui a besoin de racisme pour réaliser des superbénéfices et qui l’utilise pour diviser la classe ouvrière. Le but du Parti progressiste du travail est de détruire le système capitaliste et ses patrons, et de débarrasser le monde du chômage, de la pauvreté, du racisme, du sexisme et de la guerre impérialiste.
La construction d’un tel mouvement correspond à répandre des idées communistes dans chaque organisation : les ateliers d’usine, les syndicats, les associations, les églises, et surtout les forces armées. Il faut persuader les soldats et les marins de base de retourner leurs armes et de diriger leurs coups contre leurs généraux, qui dirigent les guerres pour des bénéfices que les dirigeants lancent. Il faut persuader ces travailleurs de s’unir avec leurs sœurs et leurs frères partout dans le monde.
Rejoignez et construisez un Parti progressiste du travail de masse !
Encadré :
Pas de liberté d’expression pour les racistes !
Les patrons capitalistes et leurs médias prétendent que la caractéristique principale de leur « démocratie », c’est « la liberté d’expression ». Mais leur contrôle des médias garantit que seuls ceux qui soutiennent les intérêts de classe des patrons seront permis de s’adresser à un public de masse. L’expression est libre pour les pronazis, les fascistes, le Ku Klux Klan et leurs semblables. Leurs manifestations publiques sont protégées par des masses de flics, ces mêmes flics qui tuent des innocents travailleurs et jeunes, noirs et hispaniques. (Pas de liberté d’expression pour eux !) Aux Etats-Unis, le Parti progressiste du travail a conduit plus de 100.000 manifestants à s’attaquer directement à ses racistes depuis les années 1970. Beaucoup d’entre nous et nos amis ont été emprisonnés pour avoir exercé leur prétendu droit de manifester.
La « liberté d’expression » inscrite dans la Constitution des Etats-Unis a été conçue pour servir les « pères fondateurs » qui ont légalisé l’esclavage et qui ont perpétré un génocide contre les peuples indigènes. (Les huit premiers présidents des Etats-Unis étaient eux-mêmes des propriétaires d’esclaves.) Même après la Guerre de sécession et l’émancipation juridique des esclaves, les travailleurs noirs restaient réduits à l’esclavage par le système de métayage, les lois ségrégationnistes, et les lynchages légalisés perpétrés par le Ku Klux Klan.
Chaque fois que les communistes mènent les travailleurs dans la lutte de classe, depuis les syndicats industriels organisés par les communistes dans les années 1930 jusqu’aux luttes antiracistes d’aujourd’hui, la classe dirigeante sévit contre la « liberté d’expression » de notre classe. Pendant la Grande dépression des années 1930, les patrons ont ordonné aux flics, à la Garde nationale, et aux militaires de s’attaquer à et de tuer des milliers de travailleurs qui cherchaient seulement la liberté de s’organiser. Encore et encore, les dirigeants ont prouvé qu’ils ne resteront pas là à rien faire et permettront aux idées communistes de mener ces luttes.
Nous ne devons pas être dupés ou détournés par le débat sur la « liberté d’expression ». Il n’est pas dans l’intérêt de notre classe de permettre la liberté d’expression aux racistes, fascistes, anticommunistes et autres forces qui servent les intérêts de la classe capitaliste.
La seule expression qui doit être libre est celle qui sert la classe ouvrière.