Editorial traduit de Challenge, le 25 mars 2015
Le discours récent prononcé par le premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou, devant le Congrès des E.-U., ainsi que le drame autour de ce discours, soulignent les évolutions géopolitiques et les divisions internes qui tracassent les impérialistes états-uniens. Alors que les ennemies des E.-U., l’Iran, la Russie et la Chine, se renforcent, les deux factions principales de la classe capitaliste des E.-U. se battent pour le contrôle de la politique étrangère des E.-U. envers l’Iran, pays riche en pétrole et en capacité nucléaire.
La faction principale des capitalistes des E.-U., sous Obama, semble moins disposée à se fier à Israël pour jouer le rôle de gardien du Moyen Orient. Mais certains Républicains éminents obéissent à des donateurs milliardaires, tel le magnat des casinos, Sheldon Adelson, qui prônent peu de, voire aucun compromis avec les ennemies des E.-U. ils montrent plutôt Israël comme la solution viable. Le discours de Netanyahou indique que les capitalistes des E.-U. sont en désaccord et ne sont pas prêts pour la crise imminente avec l’Iran.
Peu importe quelle faction de la classe dirigeante gagne, les travailleurs à travers le monde perdront en fin de compte. Les travailleurs financeront une guerre et se battront dans une guerre dont seulement les patrons tireront des avantages. Cependant, le Parti Progressiste du Travail, communiste et révolutionnaire, organise la classe ouvrière à travers le monde non seulement pour s’opposer à la prochaine guerre mondiale dont le but sera d’assurer les bénéfices des capitalistes – guerre prévue par le discours de Netanyahou – mais aussi pour débarrasser le monde du système capitaliste qui engendre ces guerres ainsi que le racisme, le nationalisme et le sexisme.
L’Iran menace le Moyen Orient
Les paroles en l’air de Netanyahou et le besoin qu’éprouve Obama de négocier, tous les deux, ont pour origine l’accroissement de la puissance régionale de l’Iran, que la Russie et la Chine soutiennent. Des groupes favorables à l’Iran, comme le Hamas, le Hezbollah, et les forces houthies, se battent contre Israël, les Etats-Unis, et d’autres alliés, respectivement en Palestine, au Liban et au Yémen. Le corps des Gardiens de la révolution islamique de l’Iran a maintenant des soldats au sol en Irak et en Syrie, et dans ce dernier pays il compte 10.000 hommes à 10 km d’Israël. Bien que Netanyahou ne l’admette pas, l’état de préparation de l’Iran rend impraticable une frappe contre ses centrales nucléaires par Israël, par les Etats-Unis, voire par les deux ensemble.
« Les Iraniens ne sont pas des imbéciles. Ils ont vu la facilité avec laquelle les Israéliens ont détruit le réacteur nucléaire irakien en 1981. Ils ont enterré les leurs profondément. Ainsi, il n’est pas évident … que les Etats-Unis puissent détruire le programme nucléaire iranien à partir des airs. Cela nécessiterait, tout au moins, des opérations spéciales au sol, et si cela n’est pas possible, une action militaire qui dépasse les capacités des Etats-Unis… Les Israéliens sont tout-à-fait conscients de ces difficultés. » (Stratfor, un groupe états-unien qui analyse des stratégies, le 3 mars 2015)
Des hommes politiques démocrates « progressistes », dont Obama, sont les serviteurs des financiers et des industriels des E.-U., d’ExxonMobil et de JP Morgan. Ils ont des besoins militaires à travers le monde et à longue terme qui, pour le moment, leur permettent de faire des concessions à l’Iran. Ainsi, ils lâchent du lest en ce qui concerne leur soutien à un Israël inefficace. Le principal magazine de l’impérialisme états-unien, Foreign Affairs, a publié le 2 mars un article ayant pour titre : « La rupture : La lente mort du soutien bipartite états-unien à Israël ». L’article indique en partie que :
« En automne 2013, l’AIPAC [Comité américain pour les Affaires publiques israéliennes] a fait du lobbying pour un projet de loi qui … aurait obligé les Etats-Unis de ‘soutenir Israël’ si Israël prenait la décision d’attaquer l’Iran. Le projet de loi … a obtenu le soutien de 43 Républicains sur 45, mais de seulement 16 des 55 membres du groupe démocrate au Congrès ».
Cependant, la perspective de beaucoup de Républicains est dominée par la possibilité de s’enrichir personnellement, une perspective beaucoup plus étroite que la vision qu’ont les Démocrates « progressistes » d’une domination du monde à la suite d’une guerre mondiale. Le journaliste « progressiste » Bill Moyers, qui a servi les présidents des Etats-Unis John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson pendant le génocide au Viêt-Nam, a critiqué l’alliance entre le Parti républicain des E.-U. et Netanyahou en révélant leur intérêt financier :
« Tout ce qu’il fallait savoir du … discours prononcé mardi au Congrès par Benjamin Netanyahou, c’était la présence dans la tribune réservée au public d’un seul homme – Sheldon Adelson… Les aspirants à la nomination républicaine à la présidence font la queue pour faire de la lèche à son capital, faisant des courbettes afin d’obtenir sa bénédiction, qui, une fois accordée, est accompagnée par des chèques signés… [Adelson, en 2013] a dénoncé les efforts diplomatiques d’Obama envers l’Iran et a proposé que les Etats-Unis y lâchent plutôt une bombe atomique… » (BillMoyers.com, le 4 mars 2015)
Le manque de préparation des Etats-Unis
Cela ne veut pas dire qu’Obama et les capitalistes bien plus importants qu’il sert s’opposent à l’utilisation d’armes nucléaires. Au contraire ! Jusqu’à ce que, et à moins que la faction principale des dirigeants des E.-U. puissent mobiliser la population militairement, des bombes nucléaires, comme celles utilisées lors de la deuxième guerre mondiale, resteront leur atout dans la rivalité entre impérialistes. Le magazine The Economist, propriété de la classe dirigeante britannique, note (le 7 mars 2015) que : « Le lauréat du prix Nobel de la paix qui demeure à la Maison Blanche [Obama] a demandé presque 350 milliards de dollars au Congrès afin d’entreprendre un programme, qui durera dix ans, de modernisation de l’arsenal américain ». Cependant, il y a beaucoup de concurrence.
« Le budget de défense de la Russie a été augmenté de plus de 50 % depuis 2007, et pas moins d’un tiers est dédié aux armes nucléaires… La Chine… ajoute à ses stocks et fait de lourds investissements en sous-marins et en batteries mobiles de missiles… La Corée du nord… développe des missiles capables d’atteindre la côte ouest des Etats-Unis. »
The Economist propose un commentaire juste et sinistre sur le comportement agressif des patrons : « Aucun gouvernement ne peut se permettre de perdre une guerre qu’il pourrait gagner s’il fabriquait des armes nucléaires ». Quand Obama et ses associés parlent de négociations de paix, mettez votre casque !
Les travailleurs subissent les conséquences
La faction de la classe dirigeante des E.-U. représentée par Obama a besoin de soldats, et ils seront recrutés parmi les jeunes travailleurs. Obama et ses partisans travaillent à promouvoir le nationalisme, le racisme et le sexisme afin de persuader les travailleurs sans papiers, les immigrés et les jeunes au chômage de s’engager dans l’armée. Quand ils seront dans l’armée, ils se battront et tueront leurs frères et sœurs de classe. Le tableau est tout aussi sinistre si la faction de la classe dirigeante représentée par les Républicains gagne.
Seule une révolution communiste sous le leadership du Parti Progressiste du Travail peut mettre fin, une bonne fois pour toutes, au racisme, au sexisme, au nationalisme et à toutes les guerres. Rejoignez-nous aujourd’hui.